2009 Demeure
AQUARELLES 40x30cm
ENCRES DE CHINE
AQUARELLES 40x50 cm
ACRYLIQUES 40x50 cm
chambre isolée haut-bas reflet ici l'atelier du peintre maison en tous
la table d'Aubazine la vieille et la poule sortie du brouillard
80x80 cm maison de peau 60x80 cm Maison d'air
maison de peau 80x80 maison d'air 80x60
120x100 Huttes
OBJETS DEMEURéS
Je ne pense pas peindre comme Léo Ferré chante « pour passer le temps », ou si alors pour le passer par une passoire, un filtre et découvrir ce qu’il en sort, ce qu’il en reste. Que reste-il du temps vécu ? Une expérience de vie, une histoire, des traces de peinture.
La peinture me fait apprivoiser, apprécier le temps lent; adopter la lenteur c’est tenter d’adoucir la peur de la mort.
Un soir de l’été 2006, des maisons ont émergé du papier blanc, au bout de mon pinceau mouillé : empreintes, traces de souvenirs. Puis, au long cours, elles se sont construites, sont devenues habitées : aventure d’endurance, de persévérance, de rêverie et surtout de présence à l’instant. Geste après geste.
Demeure première, celle qui nous accompagnera jusqu’à la fin, celle du corps : murs et toit de peau ; plaisir, douceur et chaleur mais aussi trous, béance et couloirs intérieurs parfois labyrinthiques ; de vieilles traces, le souffle du vent, d’une caresse.
Chambre de solitude, cabane de flottement, demeure du peintre , château de famille, maison en tous, habitacle racinaire ou céleste, huttes, coquilles.
Maison d’enfance revisitée dans mes plans de mémoire, posée sur papier jusqu’à la trans-figuration, jusqu’à la construction plus solide.
Demeure, demeurer, verbe qui évoque le croisement du temps et de l’espace, d’une possibilité de repère, d’ancrage, de retour, de ressources.
Vivre sans maison comment peut-on ETRE?
Point de départ, source du souvenir : ma maison d’enfant. Ma maison réelle, celle de Voreppe, celle qui n’allait plus être, celle qui allait disparaitre de mes yeux, se mettant à dialoguer avec celle cachée, enfouie, celle de l’intérieur, assemblage multicouches voyageant à travers le temps.
Rencontre percutante d’un projet de démolition et d’un palier de construction de soi.
Adieu, hommage à cette maison réelle qui n’est plus, morte avec son quartier.
Une page du livre s’est tournée. La page suivante, blanche un moment, a accueilli la trace peinte qui a re- écrit, re-présenté (comme le dit Pierre Desvaux) tout ce qui, pour moi, ne peut être transcrit autrement.
Dans le meilleur des cas, ce nouvel éclairage reste un mystère touchant ; il faut du temps lent pour s’en dé-fusionner, pour voir sa peinture et non plus seulement la vivre.
Vivante se poursuit la construction de la demeure qu’est la vie intérieure, la vie d’amour, de liens, point minuscule dans l’univers de milliards d’autres demeures qui s’allument et s’éteignent, se font des signes et parfois se sourient.
PEINDRE EST UN DEVENIR ET UN ANCRAGE
Je souhaiterais que mes peintures s’envolent vers la berge de l’autre, c’est alors que se crée des ondes sur l’eau.
Je dédie cette aventure picturale à mon père qui a vécu toute sa vie à Voreppe et qui repose en son plus ancien et beau quartier, celui des hauteurs.
Date de dernière mise à jour : 14/05/2020